Quelle place pour les catholiques en politique ?

La question est à nouveau posée par plusieurs courants ou auteurs se réclamant du catholicisme. Elle est reprise par une interview d’un collaborateur de la revue Permanences, Joël Hautebert, par François Huguenin dans son livre Le pari chrétien. Il s’agit pour l’essentiel de savoir si les catholiques doivent développer leurs conceptions de la société et de la politique au sein de leur église en se séparant du reste de la société, ou s’ils doivent agir au nom d’une conception de l’homme qui devrait être partagée par tous.

La situation politique va relancer cette interrogation : après l’instauration du « mariage homosexuel » la majorité actuelle à l’Assemblée nationale s’apprête à instaurer la P.M.A. (Procréation Médicalement Assistée) pour les femmes seules ou les couples de lesbiennes, et à reconnaître les enfants nés de G.P.A. (Gestation Pour Autrui) à l’étranger, le tout avec remboursement par la Sécurité sociale pour la PMA. Le président de la République, pour corser le tout, déclare qu’il veut un débat « apaisé ». Or le député Touraine, professeur de médecine qui veut imposer toutes ces mesures, n’est pas du tout apaisé. Il est arrogant et professe un relativisme en matière éthique qui fait froid dans le dos. Devant de tels défis, certains prônent le repli. C’est l’orientation de F. Huguenin dans son livre, qui tranche fortement avec ses travaux précédents, opposés au libéralisme.

Il s’agit pour les partisans de ce retrait de vivre la foi catholique à l’écart de la société ambiante en se disant qu’il ne sert à rien de lutter. Une telle attitude risque de marginaliser encore davantage les catholiques de France et de les remettre à des groupes traditionnalistes ou intégristes.

Or les catholiques n’ont pas vocation à constituer une réserve d’indiens au sein d’une société qui leur serait étrangère. Je pense qu’il est utile aujourd’hui de retourner dans sa bibliothèque pour en extraire Humanisme intégral de notre grand Jacques Maritain. Il invitait dans un temps qui n’est plus le nôtre (1936) à faire une « nouvelle chrétienté ». Précisons ce qu’il entendait par cette formule.

Une société d’hommes libres, disait-il, a quatre caractéristiques : elle est personnaliste, pluraliste, théiste ou chrétienne. Par cette dernière caractéristique il voulait dire que tous ceux qui croient à la dignité de la personne humaine, à la justice, à la liberté, peuvent et doivent coopérer au bien commun. Il n’y a pour Maritain qu’un bien commun temporel, celui de la société politique, indépendante de l’Eglise qui a tout à gagner à cette indépendance. Maritain s’oppose à la fois à l’individualisme bourgeois et à la communauté de type racial. Jacques Maritain a proposé dans ce livre une distinction devenue célèbre mais qu’il faut rappeler : il distinguait « agir en chrétien » et « agir en tant que chrétien ». Agir en chrétien recouvre ce que nous venons d’expliciter : le chrétien agit avec d’autres en engageant les valeurs qui sont les siennes au nom de la loi naturelle. Agir en tant que chrétien veut dire qu’on agit au nom de l’appartenance à l’Église comme communauté liée à un révélation et demandant la foi.

Nous retrouvons la question de la loi naturelle, question centrale qui fait que les catholiques peuvent, au nom de la raison analysant ce qu’est l’être humain, dire qu’un mariage est par nature : hétérosexuel, et que programmer pour un enfant un père inconnu est une violation de la personne humaine.

Les catholiques doivent montrer qu’en matière de rationalité et de respect de la personne humaine, ils sont utiles la société au nom de la loi naturelle et sans faire appel à la révélation. Celle-ci nous donne un éclairage supplémentaire mais nous invite à honorer la raison dont le créateur a doté l’humanité. Courage ! Ne fuyons pas.

Jacques Rollet

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