Au terme de cette année, je voudrais revenir sur certains évènements récents avant de donner un avis sur le gouvernement de la France pratiqué par le nouveau président et d’envisager l’avenir proche.
1) Les évènements récents

Je pense avant tout aux célébrations qui ont eu lieu lors des décès de Jean d’Ormesson et de Johnny Hallyday. Ces rassemblements illustrent l’ethos des Français, ou tout au moins d’une partie d’entre eux, qui sont mis en valeur par les média. On a ainsi célébré la légèreté de l’écrivain, sa joie de vivre, son élégance aristocratique et tout cela est plutôt sympathique mais n’est pas d’une profondeur abyssale !

Il y a beaucoup plus à dire sur les « obsèques «  de Johnny : la descente des Champs Elysées avec les centaines de motards, la célébration à la Madeleine me laissent pantois. La foule qui était massée le long de l’avenue était essentiellement composée de fans issus des milieux populaires. La frénésie qui s’est emparée de ces personnes, les cris et les pleurs nous mettent en présence d’un type d’idolâtrie d’autant plus préoccupant et tristounet qu’il émane de gens simples.
Le besoin de bruit et de fureur, le désir «  d’allumer le feu « révèle un vide radical et sans doute une quête désespérée d’un sens, venant orienter des existences ou il ne se passe pas grand-chose d’exaltant. Le christianisme catholique est peut être trop éloigné de ces milieux populaires. Il est le fait en ville de jeunes cadres ayant une famille nombreuse. On retrouve ces familles dans leurs résidences secondaires, et ils étaient nombreux aux messes de Noël sur la côte normande. Cela est très positif mais laisse entière la question de ce qu’on a nommé il y a quarante ans le «  catholicisme populaire.

2) Pendant ce temps-là…

Le gouvernement de la France s’installe depuis le mois de mai et tout en laissant de côté l’analyse de l’économie qui n’est pas actuellement notre sujet, on peut se demander quel projet préside à l’action de ce gouvernement et de ce président.

La volonté de renouveau est incontestable mais on a du mal à discerner quel type de société est envisagée. Laurent Wauquiez a parlé d’un « désert de l’âme ». La formule paraît brutale, à propos d’Emmanuel Macron, mais est-elle fausse ? L’aspect lisse du personnage laisse penser qu’il y a une certaine platitude dans sa démarche politique.

3) Quel avenir nous est promis dans ces conditions ?

Au plan international, le réalisme s’impose. Il faut compter avec Trump d’un côté, Poutine et Bachar el-Assad de l’autre. Cela n’est pas réjouissant mais s’impose à la France. L’éthique de conviction retrouve sur son chemin l’éthique de responsabilité, pour reprendre l’excellente distinction de Max Weber. Cela va se révéler vrai pour le projet européen de Macron qui va se heurter à l’Allemagne, mais également aux pays de l’Est qui ne veulent pas du relativisme culturel régnant en France. Le test va être constitué en 2018 en France : le gouvernement va-t-il proposer la PMA pour les femmes seules, lesbiennes ou pas ? Venant après le « mariage homosexuel » , ce serait le triomphe du relativisme le plus absolu.

À propos des deux éthiques, terminons par une remarque sur les propos du pape François concernant l’accueil massif des migrants, accueil dans lequel il ne distingue pas ceux qui relèvent du droit d’asile et ceux qui veulent quitter leur pays pour gagner plus ailleurs. L’éthique de responsabilité serait bienvenue à la résidence Sainte Marthe ! Ce pape ne prend pas suffisamment en compte ce que disait Raymond Aron : Il faut toujours se dire :  » Que ferais-je si j’étais gouvernant ?  »

Bonne année à tous …

Jacques Rollet